Justice économique et finance durable

 

Table ronde avec…

 

Nicole Bardet, Membre de la Direction générale de la Banque Alternative Suisse
Paul Dembinski, Directeur de l’Observatoire de la Finance à Genève et professeur à l’Université de Fribourg
Edouard Dommen, Spécialiste d’éthique économique, membre de la Communauté Quaker de Genève
Théo Milliez, Ingénieur  en environnement, co-fondateur Alterna Sàrl, Senior climate & ESG analyst chez Ethos
Sandrine Salerno, Administratrice, membre du conseil de la BCGe
Guillaume Taylor, Fondateur d’Umbutu, agence de conseil en financement durable et socialement responsable

 

Animation : Yvan Maillard-Ardenti, EPER et Alliance climatique
Organisation : Maurice Gardiol, Salomon 2024

 

Vous trouverez sur cette page les intervention faites par les participant.e.s à la table ronde du 1er octobre, ainsi que les échange qui ont suivi.

Eco-nomie

Ce mot est formé étymologiquement de deux termes d’origine grecque :  oikos signifiant la  « maison » et nomos  signifiant la loi ou la règle. Il parle donc de la gestion de la maison ou du foyer domestique. Aujourd’hui son domaine est étendu à la gestion de nombreuses activités de notre maison Terre et de ses différentes composantes.

J’aime cependant garder le terme de Maison ou de maisonnée, même étendue à une réalité universelle. Car elle permet de garder à l’esprit une communauté qui doit pouvoir vivre ensemble dans le respect des besoins des uns et des autres.

Comment dès lors gérer les richesses à disposition des humains. Ressources naturelles, ressources produites, richesses matérielles ou immatérielles ? L’argent, même dématérialisé, est devenu un médium incontournable dans cette gestion. La question est de savoir si nous possédons cet argent ou si c’est l’argent qui nous possède comme le disait le sociologue Jacques Ellul, décédé il y a juste 30 ans.[1]

A quoi le théologien André Biéler ajoutait : L’argent et l’économie sont donc ambivalents. Ils valorisent l’être humain. Ils lui procurent des satisfactions majeures. Ils le poussent à la créativité, ils l’entraînent à la solidarité, même à cette solidarité minimale et involontaire que représentent le commerce et les échanges, indispensables à la vie en commun. Mais par d’autres côtés, ils l’avilissent moralement en stimulant son égoïsme, ils le dégradent spirituellement en développant son orgueil, en flattant son instinct de domination individuelle et sociale qui conduit très vite au pouvoir d’oppression. Leur ambiguïté fait d’eux l’une des sources du bien­être et du bonheur universels autant que l’une des causes des conflits quotidiens, psychologiques et politiques, individuels et collectifs, nationaux et internationaux, trop souvent sanglants et meurtriers.[2]

Dans le songe qui précède son fameux jugement, le roi Salomon ne demande pas la richesse, mais un cœur intelligent pour gouverner son peuple avec sagesse. Pouvons-nous aussi aujourd’hui partir en quête de cette sagesse pour orienter nos choix économiques vers plus de justice et notre finance vers plus de durabilité ? Tel est l’enjeu de notre débat de ce soir !

Maurice Gardiol

 

[1] Voir l’Homme et l’argent, PBU 1981 (réédition)
[2] Dans la préface du livre Argent sur table, Armand Lombard et Alain Perrot, PBU 1989

 

Merci à Yvan Maillard-Ardenti de l’EPER qui a animé ce débat.

 

 

 

Autres textes sur le thème de la Justice économique et finance durable :

 

Manifeste de l’Observatoire de la Finance « Pour une finance au service du bien commun »

 

Les fondements éthiques de l’investissement responsable

Texte élaboré sous les auspices de l’Observatoire de la Finance par : Jean-Michel Bonvin ; Paul H. Dembinski ; Edouard Dommen ; François-Marie Monnet

L’économie de l’aimant

La plupart des économistes considèrent que leur discipline est une science. Ils ont donc tendance à exposer leurs idées avec la conviction sans concession de possesseurs de la vérité. Les théoriciens de la guerre en revanche considèrent que leur discipline est un art. Ainsi, paradoxalement, ces derniers peuvent se permettre d’être plus pragmatiques et souples dans leur approche de la réalité sociale. La première partie de ce livre explore la théorie et la pratique de l’économie et ses analogies avec la guerre – une économie de l’aimant où les lotis s’attirent les biens de ceux qui sont déjà démunis. La deuxième partie envisage une alternative, une économie aimante, une économie porteuse de paix, et examine ses conditions d’existence. Elle commence par décrire des économies idéales ou utopiques. Comme l’équilibre stable de l’économie orthodoxe, une utopie est supposée être un terminus : une fois atteint, il n’y a plus de raison de la quitter…